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06/11/2013

L'Apiculture selon Samuel Beckett

Beckett, Université, Archives, Apiculture

   En cette saison de Prix littéraires, c'est le moment d'attirer l'attention sur un roman qui nous a plu. Pour donner des idées de lectures différentes peut-être, et sortir des sentiers battus. Martin Page, avec L'Apiculture selon Samuel Beckett (aux éditions de l'Olivier, 2013), me paraît l'exemple idéal.

   Martin Page est un universitaire. Nul n'est parfait. Mais il a choisi, pour ce qui le concerne, d'écrire des romans. C'est ce qu'il avait de mieux à faire, et c'est une réussite. Dans L'Apiculture selon Samuel Beckett, il imagine un étudiant désargenté qui essaie de préparer une sombre thèse de sociologie, une de plus, et qui se voit heureusement embaucher par Samuel Beckett, le grand Samuel Beckett, afin d'effectuer un drôle de petit travail. Il s'agit d'inventer des archives, pour donner du grain à moudre aux futurs chercheurs universitaires, et surtout pour les égarer en les lançant sur de fausses pistes souvent farfelues. Ainsi pourront-ils pondre des thèses nouvelles, et nous, les lire, lecteurs éberlués.

   Le personnage de Beckett est très réussi, dans cette fiction qui repose quand même sur quelques données biographiques réelles. On sent une grande affinité de Martin Page avec l'auteur de Godot. Ceux qui aiment Beckett ne seront pas dépaysés, et l'on se dit que la dérision ici à l'œuvre cache une véritable émotion, notamment dans la relation entre le vieux maître et son jeune employé. Ce dernier en apprendra finalement bien plus avec ce "travail" pour Beckett qu'avec sa thèse, qui reste, heureusement ! hors champ.

   A mon humble avis, L'Apiculture selon Samuel Beckett est une lecture qu'on devrait rendre obligatoire, surtout auprès des écrivains de métier et, en particulier, des universitaires besogneux, qui font dans la lourdeur au lieu de chercher une récréation spirituelle dont nous avons aujourd'hui tous besoin.