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23/01/2014

Le "repos" métaphysique

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   La lecture des Apports à la philosophie de Heidegger amène, par la volonté de ce dernier d'embrasser tous les problèmes, des réflexions plutôt intéressantes dans l'esprit du lecteur. Si ce livre, écrit entre 1936 et 1938, subit l'influence de son temps, parfois de manière malheureuse (un certain paganisme, par exemple, qui paraît aujourd'hui incongru), il n'en demeure pas moins que beaucoup de ses intuitions sont exceptionnelles. Heidegger a ainsi entrevu l'importance du thème fondamental du désœuvrement, qu'il évoque dans le § 99.

   Aristote, fait remarquer Heidegger, est le premier à avoir pris la mesure du "mouvement" de manière grecque, c'est-à-dire comme "entrée en présence". Ce qui n'a pas empêché par la suite la "détermination moderne du mouvement" d'aller à l'encontre de la "modalité de l'être" initiale. Or, Heidegger souligne le phénomène suivant : la question "devient parfaitement lisible quand on regarde ce qu'est, et comment se conçoit, de part et d'autre, le repos". Le terme de repos est sans ambiguïté : c'est le recueillement de la métaphysique, "commune présence des possibilités". C'est dire son importance, l'étendue de sa relation avec l'Estre. Heidegger insiste en parlant de "repos insigne", faisant éclater ici complètement la vérité sur l'étantité, qu'il était devenu impossible de comprendre sans avoir à l'esprit ce désœuvrement global de la plus haute amplitude. Rouage premier de la pensée grecque, sa reconnaissance nous apparaît désormais, exposée dans ce fragment des Apports, claire comme de l'eau de roche. Cette source d'immuabilité nous désaltère. "Ens 'actu' — voilà exactement, écrit Heidegger, l'étant en son repos; il n'est pas en action; il se rassemble en soi et pour soi et c'est en ce sens précis qu'il entre pleinement en présence." Heidegger n'en dira pas plus. Il est, après cet indispensable moment de pensée, pressé d'avancer. 

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