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21/12/2013

Complot

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   Le fameux livre de Pierre Klossowski (photo), Nietzsche et le cercle vicieux (Mercure de France, 1969), insiste longuement sur le concept de "l'Eternel Retour", qui demande à mon avis, pour être entendu, un effort presque religieux de croyance. Klossowski reconnaît d'ailleurs lui-même qu'en ceci "Nietzsche recommence l'Evangile : le royaume est déjà parmi nous." Mais la thèse de Klossowski, et je voudrais souligner à mon tour ce point particulier, se poursuit avec ce qu'il appelle un complot dans notre civilisation contemporaine. L'essor industriel et les processus économiques ont en effet mis sur la touche toute une frange d'individus, privés de travail, qui vivent donc en parasites. Nietzsche prophétise cependant que leur "avènement" est inscrit dans l'histoire. Ainsi, ces laissés-pour-compte improductifs constitueraient d'ores et déjà une élite occulte, secrètement prépondérante, grâce à des caractéristiques de "caste souveraine". Le complot ici n'est pas déterminé par une politique d'insurrection de type classique, mais plutôt par une nécessité objective qui le rend d'autant plus redoutable. Pour ma part, je discerne dans cette thèse une orientation dictée par l'idée de désœuvrement, que Nietzsche avait du reste déjà abordée à plusieurs reprises dans tel ou tel aphorisme (par exemple le § 329 du Gai savoir). Et à lire les fragments posthumes cités par Klossowski pour illustrer son commentaire, comment ne serait-on pas frappé par cette perspective moderne en train de naître à cette époque, même si Nietzsche faisait peut-être preuve d'un trop grand optimisme en plaçant d'emblée cet avènement des désœuvrés dans son Eternel Retour ?