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11/11/2022

Suggestions de lectures

 

Dix livres à lire ou relire prochainement

 

 

L’Homme de Londres, de Simenon

Roman très cinématographique, adapté par le réalisateur hongrois Béla Tarr en 2007, sur un scénario de son complice, le romancier László Krasznahorkai.

 

Guerre & guerre, de László Krasznahorkai

Une œuvre romanesque qui promet une originalité très grande, et qui, en même temps, se présente comme fondamentalement européenne.

 

Si l’Europe s’éveille, de Peter Sloterdijk

Un essai sur un continent en crise d’identité, qui espère en un sursaut. Loin des apologies d’une certaine Nouvelle droite, et donc sans nostalgie de la révolution conservatrice allemande du début du XXe siècle.

 

Sur Maurice Blanchot, d’Emmanuel Levinas

En une centaine de pages, un tour d’horizon fécond de l’œuvre de Blanchot, par un très grand philosophe qui fut son ami.

 

Dora, in Cinq psychanalyses, de Freud

Très belle analyse de l’hystérie, toujours d’actualité.

 

Méditations pascaliennes, de Pierre Bourdieu

Le maître livre du sociologue français. Pour comprendre le monde dans lequel on vit.

 

Le Sophiste, de Platon

Une pensée sur l’ontologie, qui fascina Heidegger.

 

Histoire d’une vie, d’Aharon Appelfeld

Contrairement à ce qu’estimait Philip Roth, l’œuvre d’Appelfeld me semble se nourrir au creuset européen de l’avant-guerre, un monde englouti dont nous portons les stigmates.

 

Le Bruit et la fureur, de Faulkner

L’Amérique, c’est-à-dire la « déconstruction », comme le disait Jacques Derrida.

 

La Trêve, de Primo Levi

Pas seulement un rescapé, mais aussi un des plus grands écrivains européens de l’après-guerre.

04/07/2014

Mélange des genres

Gustav-Mahler85.jpg

   Gustav Mahler racontait que, tout jeune, il avait assisté à une violente scène de ménage entre ses parents. Quittant précipitamment la maison, il se retrouva dans la rue où un orgue de Barbarie égrenait la chanson O, du lieber Augustin. C'était là pour le compositeur l'origine de cet entrelacs entre tragique et légèreté, frivolité et gravité, assez typique de sa musique. Explication très freudienne, trop peut-être, d'un trait de caractère qu'on retrouve chez maints artistes viennois de cette époque. Cet alliage sophistiqué entre les contraires a peut-être pris son plus vif essor alors, dans cette phase de décadence d'une civilisation excessivement raffinée, qui contemplait son déclin au milieu des dernières fêtes. Comment ne pas être admiratif de cet amalgame, jusqu'à traquer l'ironie parfois où elle n'est pas ? D'où nous vient, aujourd'hui même, ce goût, cette attirance paradoxale ? J'ai pour ce qui me concerne beau chercher, aucune anecdote ne remonte à la surface de ma mémoire pour dévoiler un aléatoire pourquoi. Ce fut plutôt une caractéristique globale de la société que nous avons traversée : l'indolence de plusieurs générations gavées de chansonnettes sans intérêt, et, le temps s'écoulant, le pessimisme noir, fruit des désillusions. Une certaine dérision n'est pas sans rapport, je pense, avec une situation de naufrage — d'agonie...