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04/07/2014

Mélange des genres

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   Gustav Mahler racontait que, tout jeune, il avait assisté à une violente scène de ménage entre ses parents. Quittant précipitamment la maison, il se retrouva dans la rue où un orgue de Barbarie égrenait la chanson O, du lieber Augustin. C'était là pour le compositeur l'origine de cet entrelacs entre tragique et légèreté, frivolité et gravité, assez typique de sa musique. Explication très freudienne, trop peut-être, d'un trait de caractère qu'on retrouve chez maints artistes viennois de cette époque. Cet alliage sophistiqué entre les contraires a peut-être pris son plus vif essor alors, dans cette phase de décadence d'une civilisation excessivement raffinée, qui contemplait son déclin au milieu des dernières fêtes. Comment ne pas être admiratif de cet amalgame, jusqu'à traquer l'ironie parfois où elle n'est pas ? D'où nous vient, aujourd'hui même, ce goût, cette attirance paradoxale ? J'ai pour ce qui me concerne beau chercher, aucune anecdote ne remonte à la surface de ma mémoire pour dévoiler un aléatoire pourquoi. Ce fut plutôt une caractéristique globale de la société que nous avons traversée : l'indolence de plusieurs générations gavées de chansonnettes sans intérêt, et, le temps s'écoulant, le pessimisme noir, fruit des désillusions. Une certaine dérision n'est pas sans rapport, je pense, avec une situation de naufrage — d'agonie...

28/04/2014

Une vraie conversation

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   Pour moi, les meilleures conversations se passent quand on est deux. C'était aussi l'avis de Truman Capote (cf. Musique pour caméléons, éditions Gallimard). A partir d'un troisième interlocuteur, ma paresse me fait m'en remettre aux deux autres, et je ne dis plus rien. Je m'éclipse discrètement, bien qu'étant encore là, et les laisse travailler sans moi. En société, je ne suis pas très brillant, je reste à l'écart, je deviens invisible. Les trop grandes réunions de personnes m'exaspèrent et me découragent. Je ressens souvent au milieu de ces foules un vague malaise. Je n'ai qu'une envie, m'échapper. Peut-être est-ce ce qu'on nomme "agoraphobie". C'est surtout de l'ennui, je crois. L'ennui parmi les autres est plus douloureux que l'ennui en solitaire. On s'habitue à ce dernier, tandis que l'agglomérat d'individus rend éprouvante une impression de vide qu'on ne maîtrise plus. Les endroits publics où l'on reste néanmoins le plus libre sont les cafés, car ils permettent, à un degré de qualité remarquable, de jouer à sa guise sur les deux tableaux : aussi bien la solitude que l'échange, et ce que j'appelle donc une vraie conversation.